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mort par ses frères, dans celle d’Orphée déchiré par les Ménades. Les danses bruyantes, images des tempête célestes, les cérémonies scéniques qui figuraient les alternatives de la vie et de la mort dans la nature rattachent à une source commune les religions de la Grèce et celles de la Phrygie et de la Thrace, le culte de Zeus, les orgies de Dionysos, les mystères de Samothrace et d’Éleusis.

Le canton d’Éleusis, selon le scholiaste d’Oedipe à Colone, avait été habité d’abord par des autochtones, ensuite par des Thraces. Le culte pélasgique de la terre, modifié par les Eumolpides, devint une religion locale. Thucydide fait allusion à une guerre qui aurait eu lieu aux temps héroïques entre les Eleusiniens et les Athéniens, et Pausanias, qui recherche avec soin les vieux souvenirs, rapporte ainsi cette tradition- :

« Le tombeau d’Eumolpe m’a été montré par les Eleusiniens et les Athéniens. Cet Eumolpe était, dit-on, venu de Thrace ; il avait pour père Poseidon, pour mère la Neige, fille du vent Borée et d’Oreithuia. Homère ne dit rien de l’origine d’Eumolpe, mais il lui donne quelque part l’épithète d’illustre. Dans une bataille que se livrèrent les Eleusiniens et les Athéniens, Érechtheus, roi d’Athènes, périt ainsi qu’Immarados fils d’Eumolpe, et la paix fut conclue aux conditions suivantes : les Eleusiniens devaient être soumis à Athènes, mais en conservant l’initiation comme une propriété ; le sacerdoce des deux Déesses [Déméter et Perséphone] fut conservé à Eumolpe et aux filles de Céleos, que Pamphôs et Homère nomment Diogénie,