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Ce régime ascétique, peu en rapport avec les idées grecques, semble à Strabon un indice de la barbarie des Pélasges. Mais il me semble qu’il vaut mieux avec Eustathe faire dériver aniptopodes de aniptamai, et admettre que les Selles exécutaient des danses sacrées, comme d’autres prêtres de Zeus, les Courètes et les Corybantes. Je traduirais donc ainsi la prière d’Achille :

« Prince Zeus, Dodonéen, Pélasgique, qui habites au loin, qui règnes sur Dodone aux violents orages, et autour de toi demeurent tes interprètes, les Selles aux pieds bondissants, qui couchent sur la terre. »

Le nom de Courètes, comme celui de Selles, désignait à la fois une ancienne population de la Grèce et un ancien collège de prêtres de Zeus. Primitivement, il paraît avoir signifié les jeunes gens. A l’époque pélasgique, quand les Grecs célébraient Zeus, leur grand dieu national, les jeunes gens de la tribu, kouroi, les Courètes, se livraient à des danses guerrières en frappant leurs boucliers de leurs épées. Ces danses bruyantes figuraient les tempêtes de l’air, la lutte des vents et des nuages, la victoire de Zeus sur les Titans. Peu à peu ces Courètes furent regardés comme les serviteurs et les compagnons de Zeus, comme ceux qui avaient élevé son enfance. Strabon fait dans sa géographie une longue digression à propos des Courètes, qu’il rapproche des Corybantes, des Cabires, des Dactyles Idéens, des Telchines de Rhodes, des Satyres, des Tityres et des Silènes. Par les témoignages qu’il cite et qu’il oppose les uns aux autres, on peut voir combien les Grecs eux-