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tinction des savants et des ignorants commença à s’établir, la tradition religieuse et la tradition morale, c’est-à-dire l’intelligence de la langue poétique des symboles et le sentiment de la liberté et de l’égalité se conservèrent bien mieux dans la masse du peuple que parmi les lettrés.

Les exégètes des temples n’étaient donc pas, des interprètes de la symbolique religieuse, car le peuple n’avait pas besoin qu’on lui expliquât sa langue naturelle, c’étaient, comme le prouvent une foule de passages de Pausanias, des maîtres des cérémonies versés dans la connaissance des rites, et des ciceroni montrant aux étrangers les curiosités des temples et leur racontant les traditions locales. L’hiérophante des mystères n’était pas un sage révélant une doctrine philosophique ; c’était, comme son nom l’indique, celui qui montrait aux initiés les objets sacrés. Au-dessous de l’hiérophante il y avait des mystagogues qui purifiaient les mystes et le préparaient à l’initiation. Il paraît que cette fonction d’initiateur était assez peu élevée et ressemblait à une sorte de domesticité, si on en juge par les paroles dédaigneuses que Démosthène adresse à Eschine pour les avoir exercées dans sa jeunesse. En général, cependant, il était dans les mœurs des Athéniens d’honorer toute fonction utile. C’étaient les cuisiniers qui dirigeaient à Athènes les sacrifices