Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/270

Cette page n’a pas encore été corrigée

grecs, et dont la plus célèbre était celle des Amphictyons, placée sous la protection des divinités de Delphes et des Thermopyles. Ces ligues politiques empêchaient les cultes locaux de prendre un caractère étroit et exclusif. Certains temples attiraient les habitants de toutes les parties de la Grèce et devenaient ainsi des centres religieux dont l’importance restait toujours indépendante des chances diverses de la guerre et de la politique. Les oracles, les jeux sacrés, les mystères maintenaient entre les Grecs un lien religieux qui les rappelait au souvenir de leur fraternité primitive et les rapprochait pour la défense commune, en même temps que les religions locales conservaient dans chaque ville le sentiment de l’indépendance. Ainsi la Grèce échappa à la fois à la lutte stérile des sectes religieuses et au despotisme étouffant des religions d’État. Le polythéisme sanctionnait et le lien fédéral et l’autonomie des communes ; sa théologie multiple lui permettait de balancer l’un par l’autre ces deux principes opposés et également nécessaires, et de résoudre le grand problème devant lequel ont échoué les peuples modernes, la conciliation de l’unité et de la liberté.

Il y avait autant de variété dans les fonctions religieuses que dans la religion elle-même, et parmi ces fonctions, celle des aèdes et celle des devins échappaient par leur nature même à toute espèce d’autorité, de règle et de hiérarchie. L’inspiration d’Apollon, comme celle des Muses, était immédiate et indivi-