Page:Ménard - Du polythéisme hellénique, 1863.djvu/265

Cette page n’a pas encore été corrigée

mot de sacristains. Ce mot donnerait une idée bien plus exacte de ce qu’était le sacerdoce chez les Grecs. Cette observation peut sembler purement grammaticale ; mais la plupart de nos erreurs sur l’esprit de l’Antiquité tiennent à des questions de dictionnaire ; on remplace un mot grec par un mot français qu’on croit équivalent et qui représente souvent une idée toute différente ; il en résulte qu’on attribue aux anciens des institutions tout à fait opposées à leurs mœurs. Ainsi les chefs héroïques, basileis, que nous appelons des rois, n’étaient que des capitaines au dehors, des juges de paix à l’intérieur. De même dans l’ordre religieux, les Grecs avaient des sacristains ou des marguilliers, ils n’avaient pas de prêtres dans le sens que nous attachons à ce mot, et si je continue à m’en servir pour me conformer à l’usage, il faut se rappeler que c’est dans une acception beaucoup plus restreinte que celle que nous lui donnons aujourd’hui.

Chez les modernes, en effet, le prêtre enseigne la religion et dirige les consciences ; rien de pareil n’existait chez les Grecs. L’enfant apprenait de sa nourrice ou de son aïeul les légendes des dieux et des héros du pays ; à l’école il étudiait, dans les poèmes d’Homère et d’Hésiode, les traditions nationales et religieuses, Quant, a l’éducation morale, il la recevait de ses parents d’abord, et ensuite de ses égaux. Devenu homme, il avait sa conscience pour le guider dans les luttes de la vie ; s’il avait besoin de conseils