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pris de faire connaître à la France, et plus souvent encore le complétait par des notes et des additions qui résumaient les travaux plus récents. Il vient toujours un moment où il faut cesser de mettre des pièces neuves à une vieille étoffe. M. Alfred Maury, après avoir aidé M. Guigniaut dans cette refonte successive, finit par reconnaître que cette vaste synthèse de Creuzer, attaquée dans chacune de ses parties, ne répondait plus à l’état actuel des connaissances mythologiques, qu’il fallait reprendre l’œuvre par la base, et, suivant la méthode imposée à toutes les sciences, procéder par la critique et l’analyse.

M. Maury n’a pas embrassé un sujet aussi vaste que celui de Creuzer ; il s’est borné à faire l’histoire des religions de la Grèce antique. Il en recherche soigneusement les origines et en suit pas à pas les transformations jusqu’au siècle d’Alexandre, époque où commence la décadence de l’Hellénisme. On reprochait avec raison à Creuzer d’avoir considéré les religions comme des ensembles complets, vivant en dehors du temps, sans tenir compte de leurs variations successives, de les avoir étudiées en elles-mêmes comme des œuvres d’art ou comme des types immuables. Décrire ainsi les manifestations de la pensée religieuse, c’était faire, non pas l’histoire, mais l’histoire naturelle des religions ; car l’histoire na-