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Religions antiques.


La révélation primitive, c’est-à-dire la première impression de l’ensemble des choses sur l’esprit humain, se traduit de différentes manières selon le génie particulier des différentes races. On peut concevoir l’univers comme une machine, comme un animal ou comme un concert. À ces trois conceptions répondent les trois grandes formes de la religion dans l’antiquité : le Monothéisme regarde la nature comme une matière inerte mue par une volonté extérieure ; le Panthéisme se la représente comme une unité vivante, ayant en elle-même son principe d’action ; le Polythéisme y voit un ensemble d’énergies indépendantes, dont le concours produit l’harmonie universelle.

Il n’y a pas lieu de discuter le système rattachant toutes les religions à une source unique qu’on nommait la religion naturelle ; ceux qui l’ont imaginé, persuadés que le Monothéisme était la vérité, supposaient que les autres formes religieuses n’en étaient que des altérations. À cette hypothèse, abandonnée aujourd’hui, a succédé celle d’un fétichisme primitif, qui part d’une autre vue théorique et ne s’appuie pas davantage sur l’histoire. Le fétichisme n’est pas une religion puisqu’il ne répond à aucune vue d’ensemble ; il permet seulement de constater que le sentiment religieux existe à l’état embryonnaire même dans les races inférieures. On le retrouve à toutes les époques chez ceux qui restent confinés dans les limbes de l’intelligence. Ces terreurs vagues qu’on croit conjurer par des pratiques arbitraires ; cette tendance à attribuer à certains objets, à certaines paroles, à certains hommes une puissance surnaturelle, tout ce qui constitue le fétichisme des tribus sauvages, se retrouve chez les peuples les plus civilisés sous le nom de superstition. Il n’est pas impossible que tel ait été le point de départ de la religion pour les races les mieux douées, mais comme on n’en a aucune preuve, il n’est pas scientifique de l’affirmer.

Le plus ancien de tous les livres, le Véda, nous fait assister à l’éclosion du sentiment religieux, et à celle de la langue religieuse, qui est la mythologie. Le sanscrit védique est le plus ancien des dialectes indo-européens ; la religion védique est la forme la plus ancienne du Polythéisme, religion naturelle de la race indo-européenne. On trouve néanmoins dans le Véda le germe des transformations religieuses qui se sont accomplies dans les deux branches orientales de cette race, les Aryas de l’Inde et les Iraniens de la Perse. Le Polythéisme nous est présenté dans la poésie grecque sous une forme moins ancienne que dans le Véda, mais beaucoup plus parfaite. Au-dessus des forces, l’Hellénisme conçoit des lois qui s’enchaînent sans hiérarchie dans un ordre éternel ; il cherche le divin dans l’humanité, et par le culte des Héros prépare cette apothéose des vertus humaines qui devait se résumer plus tard dans le dogme chrétien de l’Homme-Dieu.

La religion des Romains et celle des Grecs ne sont guère plus éloignées