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le de nous aider à supporter les épreuves de la vie, et d’écarter celles qui seraient au-dessus de nos forces. Qu’il nous éclaire et nous conduise toujours dans le droit chemin qui mène vers lui. » Si, parmi les fils, il y en a qui ne soient pas portés à croire à cette existence individuelle des morts, vont-ils combattre cette croyance, qui est pour leur mère veuve un espoir de réunion ? Non, car il n’y a pas plus de raison scientifique pour nier que pour affirmer. Ils traduiront la prière dans une autre langue : « Ce que nous pleurons, ce n’est pas un corps rendu à la terre, c’est une affection qui nous enveloppait, une conscience qui nous dirigeait. Ce qui était lui, c’étaient ses conseils, ses bienfaits et ses exemples : tout cela est vivant dans notre souvenir. Que sa pensée nous soit toujours présente, dans les luttes de la vie. Il y a des heures où l’ombre est bien épaisse : que ferait-il à notre place ? que nous dirait-il de faire ? c’est là qu’est le devoir. Par cela seul que nous pensons à lui, sa force bienfaisante s’étend sur nous et vient à notre aide comme pendant sa vie : c’est ainsi que les morts tendent la main aux vivants. »

Nos pères et nos amis, protecteurs des cités, protecteurs des familles, âmes des Héros et des Saints, ô morts ! où êtes-vous ? Cette seconde vie, à laquelle les plus sceptiques d’entre nous voudraient croire, dont les plus croyants voudraient avoir la preuve, est-elle autre part que dans vos œuvres, dont nous recueillons l’héritage, et dans le pieux souvenir de ceux qui vous aimaient ? Si la réponse vous était permise, vous ne nous auriez pas laissés si longtemps dans l’attente, car, vous le savez, nous ne craignons que les séparations éternelles, et nous accepterions ce long sommeil, sans le deuil et les derniers adieux. Ce n’est pas pour nous que nous désirons une renaissance : la plupart sentent bien qu’ils ne méritent pas d’être conservés. Mais on pense à ces nobles âmes qui traversent la vie comme des lumières, et quand on les voit s’éteindre, il semble que le monde serait incomplet sans elles et qu’il manquerait quelque chose à sa beauté.