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deux formes du divin dans une synthèse harmonieuse. Quand ils voulaient traduire leurs croyances par des images, ils donnaient aux Dieux la forme humaine, parce que, disait Phidias, nous n’en connaissons pas de plus belle ; ils leur attribuaient des sentiments humains et une intelligence comme la nôtre parce que, selon le mot d’Hésiode, l’homme est le seul animal qui connaisse la justice. Le beau, le juste et le vrai sont les trois faces d’un prisme de cristal : à travers l’une on voit les deux autres. Les Grecs tenaient pour vrai ce qui est conforme aux lois éternelles du juste et du beau ; trouvant la beauté dans l’univers, ils y supposaient la justice. Ils croyaient au libre arbitre et à l’immortalité de l’âme, quoique ces deux affirmations de la foi religieuse ne puissent être démontrées ; mais l’une est la condition, l’autre la sanction de la morale, et la réalité ne peut être en contradiction avec la loi ; cela est, puisque cela doit être : il n’y a dans l’œuvre des Dieux ni lacune ni erreur.


Expression humaine du divin.


La mythologie grecque, en traduisant les lois divines par des images empruntées à la vie humaine, aidait à comprendre le double caractère que la religion attribuait aux Dieux. Ils sont à la fois les lois physiques du monde et les lois morales des sociétés. Dans la nature, ils maintiennent l’équilibre par la pondération des forces ; dans la république, ils limitent le droit de chacun, c’est-à-dire la liberté, par le respect du droit d’autrui qui est le devoir, au nom de l’égalité qui est la justice. Zeus, l’éther lumineux, qui prend mille formes pour multiplier la vie, est en même temps le distributeur de la justice, impartiale et bienfaisante comme la lumière ; le témoin des serments, base du pacte social ; le protecteur des suppliants et des pauvres, qui n’ont que son ciel pour abri. Sa fille Athènè, la vierge éthérée, force et clarté céleste qui se révèle dans la splendeur de l’éclair, est l’éternelle raison qui triomphe par l’évidence, la sagesse souveraine, protectrice des cités. Apollon, la lumière et l’harmonie du monde, l’archer divin qui chasse les terreurs de la nuit, conduit les âmes comme un chœur de danse aux accents mélodieux de sa lyre d’or. Hermès, l’intermédiaire universel, le crépuscule du matin et du soir, le messager céleste qui porte aux Dieux les prières des hommes, aux hommes les bienfaits des Dieux, est aussi la parole qui unit les hommes par l’échange et les traités de paix. Dèmèter, la terre féconde, est l’agriculture, source de toute législation ; Hèphaistos, le feu artiste, est l’industrie et le travail civilisateur. Quant au courage, vertu purement humaine, puisqu’un Dieu ne peut ni souffrir ni mourir, il est représenté par les Héros demi-Dieux, qui nous tendent la main du haut de leurs apothéoses, quand nous luttons comme ils ont lutté.

Contre qui l’homme doit-il soutenir ce combat dont l’immortalité sera le prix ? Contre les Dieux. Le monde est le théâtre de l’action divine : qu’il soit aussi une arène pour l’énergie humaine. Les Dieux, pour éprouver la