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chez les animaux : la monarchie des abeilles, l’aristocratie des fourmis. La démocratie, qui est l’application du principe de liberté, considère la société comme un contrat mutuel d’assurances contre les violations particulières de la loi consentie par tous. Comme elle est très difficile à réaliser, la démocratie se produit rarement dans l’histoire, et seulement chez les races supérieures et dans les époques de haute civilisation. Parmi les sociétés qui ont essayé de marcher dans cette voie, celles qui ont approché du but ne sont que des points imperceptibles dans le temps et dans l’espace : il est vrai que le soleil aussi n’est qu’un point dans l’immensité.

Le réel étant le miroir de l’idéal, les sociétés s’ordonnent selon la manière dont elles conçoivent l’ordre de l’univers, et les transformations de la politique réfléchissent celles de la pensée religieuse. Le Polythéisme, dont le principe est la pluralité des causes, a pour expression sociale la république. Mais si le Polythéisme s’arrête à la notion des forces, leur hiérarchie se traduit naturellement dans la société : aussi la république romaine est-elle aristocratique. Si la religion s’élève, comme dans l’Hellénisme, à l’idée d’une harmonie de lois indépendantes, le principe d’égalité et de liberté trouve son application dans la démocratie. Nulle part la réalité n’a été si près de l’idéal que dans cette glorieuse commune d’Athènes, qui a inondé le monde de sa lumière, et qui avait dressé au sommet de son acropole la statue de l’invincible Raison.

Aux religions unitaires répondent les diverses formes de l’autorité, au Panthéisme le régime des castes, au Monothéisme la monarchie. Le Panthéisme conçoit l’unité sous une forme hiérarchique ; en Égypte et en Inde, la royauté n’est que le couronnement d’une pyramide où le sacerdoce occupe les degrés supérieurs. Le Panthéisme est fort en faveur aujourd’hui parmi les philosophes, mais l’école Saint-Simonienne a seule essayé d’en faire une religion ; or on sait que les Saint-Simoniens admettaient le système des castes : les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.

Les Juifs et les Musulmans, qui conçoivent le monde comme une monarchie absolue, n’ont jamais eu d’autre forme sociale que le despotisme ; quand ils passent de la tribu à la nation, le Roi, le Kalife ou le Sultan hérite de l’autorité du patriarche ; il n’y a place ni pour le droit ni pour le privilège et l’idéal politique est l’unité dans la servitude. En France, le Déisme, qui était la croyance de la plupart des philosophes au dernier siècle, a essayé de devenir une religion ; le culte de l’Être suprême répond à une période de dictature qui a préparé le despotisme impérial.

Les religions de l’Asie occidentale ne sont connues que très imparfaitement et par des témoignages indirects. Quant au Dualisme iranien, il répond en politique à une monarchie féodale très analogue à celles de l’Europe au moyen âge, époque où dominait la race germanique, si étroitement unie à la race iranienne. La querelle du sacerdoce et de l’empire rappelle la lutte des rois Achéménides contre les Mages, et l’importance