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elles ont emprunté aux religions antiques leurs croyances sur la vie future.

La manière dont l’homme conçoit le principe et le caractère de la loi morale est en rapport avec l’idée qu’il se forme de l’ensemble des choses, puisque lui-même fait partie de l’univers. Dans le Monothéisme, la morale est la soumission absolue à la toute-puissance divine : la loi descend du ciel au milieu des éclairs, l’homme la reçoit à genoux et l’exécute en tremblant. Dans le Panthéisme, le monde étant un être unique, les manifestations que nous nommons les êtres finis n’ont pas d’existence propre, et partant aucun droit individuel. Le Polythéisme, au contraire, considère le monde comme une fédération de forces distinctes et de lois multiples. L’homme sent en lui une force libre, qui est sa volonté, et une règle qui est sa conscience. Cette règle ne lui est pas imposée par une volonté supérieure, elle est lui-même et consiste dans le développement normal de ses énergies ; c’est en vivant selon sa nature qu’il accomplit sa destinée et concourt pour sa part à l’ordre universel.

Ce rapport nécessaire entre la religion des peuples et leur morale n’implique pas une subordination de la morale à la religion, ce qui serait inadmissible, car les dogmes religieux ne s’appuient que sur la croyance, tandis que les affirmations de la conscience portent le caractère de la certitude. On ne peut soumettre la morale à la religion qu’au détriment de l’une et de l’autre. Ainsi les actes contraires à la morale et accomplis au nom de la religion, les auto-da-fé, qui sont des sacrifices humains offerts en vue de l’unité du dogme, et en général toutes les persécutions exercées sous quelque forme que ce soit contre la libre expression de la pensée, sont le signe d’une incurable faiblesse chez les religions qui ne peuvent supporter le contrôle de la raison, et annoncent chez les peuples qui consentent à les subir une perversion absolue du sens moral.


La Politique et la Religion.


Comme les hommes vivent toujours en société, la morale, qui fixe la direction à donner aux activités humaines, est inséparable de la politique, qui cherche la loi des relations sociales. Mais une société se compose de volontés libres, qui peuvent accomplir la loi du juste ou la violer ; il est difficile de réunir ces énergies indépendantes en un faisceau unique et de les diriger dans le sens du bien. De là vient la différence des systèmes politiques, quoique la nécessité de suivre la loi morale soit partout reconnue. Une société peut être fondée sur l’autorité ou sur la liberté. Le système d’autorité investit un ou plusieurs hommes de la force collective, à la charge de faire exécuter la loi morale par chacun dans l’intérêt de tous. Malheureusement les dépositaires de ce pouvoir étant eux-mêmes des volontés libres, peuvent violer à leur profit la loi qu’ils sont chargés de faire observer. À ce système se rattachent les diverses formes de la hiérarchie, c’est-à-dire presque toutes les sociétés humaines ; il y en a même des exemples