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aux témoignages d’estime qu’elle renferme ; je les mérite par mon amour pour les lettres et par mon attachement pour ceux qui les cultivent.

» Je vous répète ce que je vous mandais le 21 prairial. Le gouvernement verra avec plaisir se former une société littéraire dont les travaux seront dirigés uniquement vers la conservation du goût et la pureté du langage. Vous avez choisi pour associés plusieurs des hommes les plus recommandables par leurs talens et leur patriotisme. Tous réunis vous donnerez à vos travaux une direction utile. Vous conserverez le goût ; vous fixerez l’emploi des mots nouveaux introduits dans notre langue ; et, en donnant des éditions de nos meilleurs auteurs classiques, vous faciliterez l’instruction de la jeunesse.

» Tel est le but que vous vous êtes proposé ; il est honorable, il est utile. Mais, pour l’atteindre, il faut n’être pas arrêté dans la route ; il vous faut des collaborateurs qui, libres de leur temps et de leurs actions, puissent s’occuper avec vous de vos travaux. Les consuls sont chargés de si grands devoirs qu’ils ne pourraient vous donner aucun instant ; et moi, je suis tellement enchaîné par des obligations de tout genre, que j’éprouverais du regret d’occuper une place que je ne pourrais remplir.

» Que votre premier soin soit donc, citoyens, de rédiger votre règlement et de le publier. Les ennemis des lettres ont répandu avec affectation,