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le propose au nom de personne, et qu’il n’a pas lui-même d’idées absolument arrêtées sur une matière si importante, qui demanderait un examen plus réfléchi que ne l’a permis le peu de temps qu’on lui a donné. »

Nous signâmes ce projet ou pétition, Suard et moi, et nous l’adressâmes au ministre de l’intérieur.

Quelques jours s’écoulèrent, après lesquels nous reçûmes une lettre du ministre, qui nous invitait à nous rassembler, ceux des anciens membres de l’Académie qui seraient à Paris, pour concerter ensemble les premières mesures. On travaillait, nous disait-on, à déblayer nos anciennes salles, qui étaient devenues un des dépôts des archives, et où l’on faisait le triage de cette immense quantité de titres enlevés aux communautés et aux particuliers, la plupart destinés à être la proie des flammes ; et on nous assigna, en attendant, une salle des amis des arts, petite société d’artistes et d’amateurs s’assemblant au Louvre. Je n’ai pas sous la main cette lettre qui nous invitait à nous rassembler, mais qui n’avait rien de fort remarquable en elle-même.

Nous nous rassemblâmes, en effet, au nombre de cinq seulement, Suard, Target, Ducis, le chevalier de Boufflers et moi ; Saint-Lambert était à la campagne ; Gaillard auprès de Chantilly, retenu par la goutte ; l’évêque de Senlis, par l’âge et par une indisposition. Là, nous rendîmes compte des