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tituante, et connu par la traduction des derniers Voyages de Cook, était appelé assez naturellement à ce travail. Un ami que j’avais aux bureaux de la marine, et M. de Talleyrand, me firent donner le troisième volume, tandis que Desmeuniers était chargé des deux premiers. On devait nous payer en exemplaires : deux cents à Desmeuniers et cent à moi, ce qui nous a été fort utile à l’un et à l’autre, car il a vendu tous les siens à la cour d’Espagne, par l’entremise du ministre des relations extérieures, et j’ai placé aussi tous les miens à 60 livres l’exemplaire.

En récapitulant ces différens travaux, on voit que, de 1797 à 1800, j’ai traduit et fait imprimer.

Seize volumes in-12 de romans,
Un volume d’histoire de l’Amérique,
Deux volumes in-8°, Constantinople ancienne et moderne,
Un volume in-4°, Voyage de Vancouver.

J’ose dire que c’est là une assez grande activité dans un homme de soixante et dix ans passés ; mais il me fallait vivre, il fallait songer à l’avenir… et j’avais encore du courage. En jetant les yeux sur ces trois années de ma vie, employées à des occupations la plupart futiles, d’autres étrangères aux connaissances que j’ai le plus cultivées, je ne puis m’empêcher de déplorer la malheureuse nécessité qui m’a forcé de perdre ainsi un temps précieux que j’aurais pu employer à terminer les ouvrages