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Rœderer, dans le Journal de Paris, rendit un compte très-favorable de l’ouvrage. « Ce roman, dit-il, mérite d’être distingué. On n’y voit ni revenans, ni diables, ni monstres, ni extravagances d’aucun genre : ce sont des scènes touchantes de la vie, des événemens naturels quoique peu ordinaires, des personnages qu’on rencontre dans la société, mais qui s’y font remarquer ; des sentimens conformes à leurs caractères et à leurs situations, mais vifs et profonds ; en un mot, c’est un roman fait avec de l’amour et des malheurs, par une âme sensible et un esprit raisonnable. » Voilà pour l’auteur. Le traducteur n’est pas moins bien traité. « Le style de la traduction, dit le journaliste, est plus châtié que ne l’est communément celui des traductions de ce genre d’ouvrages. On y reconnaît la plume long-temps exercée d’André Morellet, à qui nous devons plusieurs ouvrages plus sérieux, et qui pourrait nous en donner encore d’importans en économie publique, si nos alternatives continuelles de convulsions violentes et de frivolité imbécile nous laissaient la faculté de lire. » R. Journal de P. 31 mars 1798.

Je ne veux pas laisser échapper cette occasion d’avertir qu’on a donné une autre traduction des Enfans de l’Abbaye peu de temps après la publication de la mienne : elle ma semblé mal écrite, sans couleur et sans vérité. Ce qu’il y a surtout de bien ridicule, ce sont les petites pièces de vers répandues çà et là dans l’ouvrage, et qui sont mi-