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CHAPITRE XXVIII.


Traductions de romans, Loi des otages. Lettre de M. de Bausset, évêque d’Alais.

J’entrai, en 1797, dans une carrière bien nouvelle pour moi et dans laquelle le besoin de vivre me poussa bien contre mon gré. À soixante-dix ans, que j’avais atteint au mois de mars, je me trouvais à peu près ruiné. La grande et généreuse nation, après m’avoir dépouillé de mes pensions, de mes bénéfices, d’une rente sur le duc d’Orléans, et y avoir substitué une pension de 2,600 liv. pour quarante ans de travaux utiles, ainsi qu’il était dit dans le rapport du liquidateur, avait réduit cette somme au tiers en inscriptions sur le grand-livre ; ce qui nous laissait, à ma sœur et à moi, environ 1,200 liv. pour toute ressource à joindre à la rente que je m’étais faite sur madame Trudaine. Accoutumé à quelques commodités de la vie et aux agrémens de la société, je trouvais dur de me retirer à la campagne, ou dans quelque faubourg de Paris, pour y vivre de peu ; je me sentais encore quelque énergie, et je résolus de continuer à travailler quelques années pour me faire une ressource dans une vieillesse plus avan-