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je répondis par une Discussion du rapport même, le conseil revint à la loi du 9 floréal, en leva la suspension ; et son décret, porté au conseil des Anciens, y fut adopté à la majorité de 14 voix, quoique le même conseil eût refusé précédemment de confirmer la résolution qui ramenait l’exécution de cette même loi.

Tout le fruit de mon travail s’est trouvé ainsi perdu, sauf l’impression que je puis avoir faite sur l’opinion publique, dont j’espérais encore l’utile secours, pour ramener tôt ou tard la législation dans les routes de la justice.

La collection des sept ouvrages que j’ai publiés pour la défense des pères et mères d’émigrés forme près de cinq cents pages in-8°. Je ne regrette pas le temps qu’ils m’ont coûté. N’eussé-je contribué qu’à donner à deux ou trois familles quelques momens d’espérance et de consolation, ce serait déjà une récompense assez précieuse pour moi. Mais je ne puis négliger de conserver ici le souvenir d’un fait dont je suis encore touché vivement, et qui rappellera la noble action de Mme Lavoisier. C’est un témoignage de reconnaissance que je dois d’autant moins oublier, qu’il venait d’un homme intéressant par son âge, ses infirmités et ses malheurs. M. Stappens, négociant de Lille, était lié avec l’épouse d’Anson, député à l’assemblée constituante, et dont j’étais connu. Je reçus un matin la visite d’Anson, qui m’apportait une lettre de ce M. Stappens, où il m’apprenait qu’il était du