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législateur avec les deux tiers restant de cette horrible assemblée appelée Convention, et souillée de tant de crimes.

On trouvera dans mes papiers une discussion suivie sur la question agitée alors entre la Convention et les sections de Paris. Je prouve, ce que tous les gens raisonnables ont pensé dans le temps, que le renouvellement complet de l’assemblée était de droit selon la constitution de l’an III ; que les décrets des 5 et 13 fructidor en étaient la violation ; que cette violation n’a été ni pu être excusée par l’acceptation de ces décrets dans les assemblées primaires, puisque cette acceptation n’a pas eu, à beaucoup près, le vœu de la majorité, et que d’ailleurs, n’ayant été constatée par aucun moyen légal, elle devait être regardée comme nulle et illusoire. Les suites n’ont que trop prouvé combien il importait que l’assemblée dans les mains de laquelle étaient les destinées de la France depuis trois ans, et qui depuis trois ans avait ou commis ou laissé commettre tant de crimes et de spoliations, et porté tant de lois atroces, ne se perpétuât pas dans son affreuse autorité. On a pu se convaincre, en effet, que c’est précisément pour avoir laissé le gouvernement aux mêmes agitateurs (car il y est resté malgré l’entrée du nouveau tiers, la majorité dans les deux conseils ayant toujours été formée des partisans de la constitution de 1795), que le directoire a été si horriblement composé ; que tant d’administrateurs modérés,