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s’emparer que du registre et de la sonnette de la section du Théâtre-Français : les électeurs avaient disparu.

Le lendemain, je retournai au théâtre, vers une heure après midi, pour savoir ce qui s’y passait ; je n’y vis que quelques électeurs attirés par la même curiosité que moi ; je tins l’assemblée hâtive pour dissoute, et j’attendis le 20.

Cependant quelques sections de Paris continuaient de s’agiter. La section Le Pelletier, plus ardente que les autres, attira plus fortement l’attention de ce gouvernement illégal et timide ; on fit entrer beaucoup de troupes dans Paris ; les terroristes, et jusqu’aux brigands connus, tirés des prisons, furent armés comme bons patriotes pour la défense de la Convention. Les sections de Paris qui s’étaient déjà montrées opposées à la Convention s’armèrent avec leurs moyens, tout faibles qu’ils étaient, contre les troupes de ligne ; elles se seraient encore soutenues, si elles fussent restées sur la défensive, et si elles eussent pu y rester ; mais les troupes de ligne, dirigées surtout par Barras, engagèrent l’action, et dans la journée du 13 vendémiaire, trois ou quatre mille citoyens périrent victimes de l’imprudence des sections et de l’usurpation d’une assemblée tyrannique.

La Convention, se servant ainsi de la force armée pour mettre à exécution les décrets des 5 et 13 fructidor, et se conserver aux deux tiers dans