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mandé, sans s’écarter de ses pouvoirs et de ses droits, qu’il lui apparût de l’adhésion des assemblées primaires aux décrets des 5 et 13 fructidor, qui avaient absolument besoin de cette sanction pour que les élections des représentans fussent bornées à un tiers seulement, Il était public qu’à Paris même cette adhésion avait été refusée par la majorité des sections, et l’on eût certainement obtenu le même résultat de l’examen des votes des autres départemens. Mais, pour mettre ces moyens en œuvre, il fallait que l’assemblée des électeurs fût légalement convoquée, et qu’on ne pût la troubler qu’en violant ouvertement la constitution ; au lieu qu’en la convoquant avant le temps, on donnait prétexte à la Convention de la traiter d’illégale, et de la dissoudre comme telle. Ce danger était d’autant plus grand, que la résolution de la majorité des sections d’envoyer leurs électeurs, dès le 10, au Théâtre-Français, n’était pas bien prise. Il ne s’y rassembla que les électeurs de sept à huit sections, et il en manquait plusieurs de chacune.

Je m’étais rendu au Théâtre-Français avec les électeurs mes collègues, vers les onze heures du matin. Il n’y avait pas plus de trente ou quarante électeurs. Je m’étonnai ; je demandai avec inquiétude à Lacretelle où étaient donc ces sections de Paris, si ardentes, si déterminées. Il m’assura qu’elles viendraient, qu’elles allaient venir ; la journée se passa à les attendre inutilement ; enfin, vers les sept heures du soir, cette assemblée, qui jusque--