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où l’on disait qu’on était déjà sûr que trente-cinq ou quarante sections enverraient leurs électeurs, et que le reste ne tarderait pas à s’y réunir. Je fis à Lacretelle quelques objections sur ce projet ; mais il me répondit que c’était une chose résolue ; et je vis arriver en effet des députés de la section Le Pelletier, qui firent un discours très-violent dans le même sens, après lequel Lacretelle monta à la tribune, et proposa de mettre aux voix la motion de la section Le Pelletier ; elle fut adoptée sans objection.

Il n’est pas douteux aujourd’hui, d’après les événemens, que c’est à cette résolution précipitée de quelques sections, qu’il faut attribuer la victoire que la Convention remporta, dans une cause détestable, sur les sections de Paris et sur la constitution elle-même, et le retour aux maximes du terrorisme, et le crédit bientôt rendu aux membres de la Convention qui avaient participé le plus activement aux crimes du gouvernement révolutionnaire, tels que Tallien, Louvet, Chénier, etc.

Les sections de Paris qui voulaient le renouvellement entier de l’assemblée, étaient manifestement appuyées par l’opinion publique, non-seulement dans la capitale, mais dans les départemens, au moins dans tous ceux où l’état de la question avait été compris. Le temps qui devait s’écouler encore jusqu’au 20, jour fixé pour la convocation de l’assemblée des électeurs, aurait fortifié ces dispositions. L’assemblée une fois formée eût de-