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j’aurais accepté avec empressement dans d’autres circonstances ; mais je ne voulais pas être professeur de législation sous l’autorité de semblables législateurs ; et, dans une réponse polie, je prétextai mon âge et le besoin que j’avais de terminer des travaux commencés. J’avais surtout à cœur de continuer de défendre la cause des parens des émigrés, que j’avais déjà plaidée dans la Cause des Pères. Je restai donc dans mon obscurité.

Cependant, malgré mon éloignement pour les fonctions publiques dans un état de choses où, en s’approchant de ceux qui gouvernaient, on semblait participer aux crimes qu’ils avaient commis et aux injustices qu’ils soutenaient encore, je me suis trouvé mêlé dans les troubles qui ont agité Paris au mois de vendémiaire an IV, qui correspond à septembre et octobre 1795 ; et comme les événemens de cette époque critique ont eu des suites importantes pour la nation, et ont pensé en avoir de fâcheuses pour moi, je crois devoir en dire ici quelque chose.

Par la constitution de l’an III de l’ère républicaine, l’assemblée nationale devait être renouvelée en entier au mois de vendémiaire de l’an IV, par les assemblées primaires, ou plutôt par les électeurs qu’elles auraient choisis dans chaque département. Mais ce n’était pas là le compte de la Convention : un grand nombre de membres, et les plus actifs, les plus ardens, se sentant coupables des crimes commis durant leur règne, la majorité