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qui, punissant comme un délit l’usage d’un droit légitime, le punit dans la personne des parens qui n’en sont pas eux-mèmes coupables, contre la maxime de droit naturel que les fautes sont personnelles.

Cette partie du Supplément à la cause des Pères est une sorte d’extrait d’un traité complet de l’Émigration, écrit dès la deuxième année de nos troubles, et que je n’ai pas publié, tant à cause de la difficulté que les auteurs trouvent à imprimer sans se ruiner, que pour céder à la timide prudence de mes amis, qui m’ont fait observer que le moment n’était pas favorable, et que, si je plaidais la cause des émigrés eux-mêmes, je nuirais à celle des pères et mères.

Je crois pouvoir dire que ce supplément contribua beaucoup à former l’opinion publique, qui se prononça tellement contre la loi du 9 floréal, qu’elle força, pour ainsi dire, la législature à en suspendre l’exécution par un décret du 11 messidor, c’est-à-dire de la fin de juin 1795.

Cette année même, au milieu de ma querelle avec Chazal, je reçus une lettre de la commission exécutive de l’instruction publique, et un arrêté par lequel elle me nommait professeur d’économie politique et de législation aux écoles centrales. La lettre était fort honnête. On m’y disait que mes talens et mes vertus étaient les seuls titres qu’elle eût consultés, et que l’opinion publique avait déterminé son choix. J’en eusse été honoré, et