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l’étendue de la France des biens des condamnés, terres, maisons, mobiliers, ce qui supposait bien l’intime persuasion que les confiscations seraient maintenues.

Tous ces motifs m’autorisent donc à penser que mon écrit a été utile à mes cliens. Il a été du moins utile en hâtant une loi qui, tout indispensable qu’on la suppose, si elle eût été retardée de quelques mois seulement, n’eût décrété qu’une restitution illusoire, puisqu’on n’eût rendu aux familles, pour leurs biens confisqués et vendus, que des assignats sans valeur.

(J’avais retranché de mes mémoires ce qu’on va lire dans les quatre pages suivantes, comme pouvant donner lieu aux malveillans, dont notre siècle abonde, de me taxer et de sotte vanité pour faire trop valoir la bonne œuvre que je crois avoir faite, et de peu de désintéressement dans cette action. Mais un ami survenant, comme je venais de supprimer ces pages, je les lui ai fait lire, et il a blâmé mes scrupules. C’est d’après son opinion que je les rétablis.)

En écrivant, pour obtenir la loi du 18 prairial, je puis dire avec vérité que je croyais bien courir quelque danger si le parti contraire l’emportait, mais non trouver jamais le moindre avantage de fortune à gagner la cause que j’avais volontairement embrassée. Le début de mon ouvrage est l’expression la plus sincère de mes idées et de mes sentimens : « C’est un beau mot que celui de So-