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ême noblement le sans-culottisme, par les plus lâches trahisons.

Il ne pouvait donc plus être question de rien publier. Mais je puis dire que, pendant tout ce temps, je n’ai pas laissé passer un seul jour sans répandre sur le papier les sentimens d’indignation dont j’étais plein ; sans combattre quelqu’un des horribles décrets par lesquels la Convention a spolié et exterminé tant de familles ; sans discuter quelqu’un des rapports faits à cette abominable législature, qui se jouait avec tant d’impudence de tous les droits qu’elle était chargée d’assurer et de défendre. On trouvera dans mes papiers toutes ces discussions.

La mort de Robespierre et d’une petite partie des scélérats qui avaient adopté son infernale politique (car beaucoup d’autres restaient et gouvernaient encore), ayant rendu à la presse une apparence de liberté, au moins pour ceux qui auraient le courage de s’en servir, je pensai que je pourrais faire quelque bien en m’élevant contre plusieurs de ces injustices si criantes et si étendues qui ont couvert la France de débris.

Le premier de ces travaux fut la réclamation des biens des condamnés, victimes des tribunaux révolutionnaires, pour leurs enfans et leurs héritiers. Le Cri des Familles, où j’ai plaidé cette cause, fut aussi le premier ouvrage qui parut sur ce sujet. Il fut publié dans les derniers jours de décembre 1794 ; mais ce n’est qu’en mars de l’année suivante