Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 2 1882.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sait mention étaient tous en faveur de la liberté du commerce, de la liberté de conscience, de la liberté de la presse, et je leur citai les titres de quelques-uns de ces écrits.

Que faisais-tu en 1789 ? — J’assistais aux séances de l’académie française, dont j’étais membre, et je m’occupais des travaux dont je viens de vous parler.

Où étais-tu le 10 août ? — Dans la vallée de Montmorency.

Chez qui ? — Là, je me trouvai un peu embarrassé par la crainte de compromettre la personne que je nommerais ; je cherchai à mettre quelque obscurité dans ma réponse. J’ai, leur dis-je, trois maisons dans la vallée, où je vais alternativement et à mon choix. Je citai Mme d’Houdetot, M. de Saint-Lambert et Mme Broutin, et j’ajoutai que je ne me rappelais pas bien précisément où je m’étais trouvé le 10 août. Un de mes bonnets rouges, un menuisier, m’observe malignement que le 10 août était trop remarquable pour qu’on pût oublier où l’on était ce jour-là. Je balbutiai pour écarter ou affaiblir l’objection, qui était en effet assez vive et assez pressante.

Où as-tu été depuis ? — Là, je me trouvai fort. À Paris, leur dis-je, où je suis revenu dès le lendemain du 10, et d’où je ne suis sorti qu’en avril dernier. Je vis que cette réponse ne leur déplaisait pas, et qu’on me savait quelque gré d’être revenu à Paris le 11 d’août, lorsque tout le monde