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J’ai répondu à ces objections dans un Post-scriptum qui accompagne l’ouvrage, et ma réponse est une discussion morale et littéraire où je me crois justifié. Je l’ai écrite avec soin, et je serais fâché que le texte et le commentaire fussent tout-à-fait perdus. On les trouvera dans mes papiers.

Au mois de juillet 1794, libre encore, au grand étonnement de mes amis et au mien, quand la foudre grondait et frappait tout autour de moi, je fus dénoncé enfin par-devant le comité révolutionnaire de ma section. J’aurais même couru de grands dangers, si je n’avais eu affaire à une section qui, entre toutes celles de Paris, a montré le plus de modération, ou, si l’on veut, le moins de violence.

J’ai su depuis d’où était venue cette délation, et je vais le dire. Une femme du peuple, appelée Gattrey, qui avait logé dans une petite chambre d’une maison voisine, dont la vue donnait sur mon jardin, était passée depuis à la section de l’Observatoire. Là, voulant servir la république à sa manière, elle imagina de me dénoncer au comité révolutionnaire de sa nouvelle section.

Son mari avait été cocher chez M. de Coigny, mon voisin, qui, forcé comme tant d’autres de mettre bas son carrosse, et voyant cet homme disposé à s’enrôler, lui avait donné un cheval et un équipage complet, avec une pension pour ses anciens services. En son absence, sa femme ne s’en employait pas moins tout entière à décrier M. de