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de son frère, de sa nièce et de ses trois neveux. Il périt victime d’une révolution à laquelle il avait fait beaucoup de sacrifices. C’est avec une peine extrême que je suis contraint d’avouer que, dans son ministère, il a fait de grandes fautes, et qu’il s’est montré au-dessous de sa place et de l’opinion que l’on avait de lui. Cette opinion était justement fondée, ce semble, sur les talens qu’il avait montrés pour l’administration, tant dans son archevêché de Toulouse que dans les états de Languedoc ; et l’on fut étonné de le voir démentir trop tôt cette faveur générale qui l’appelait au ministère. Mais on ne peut se dissimuler surtout que, dans le cours de la révolution, il n’ait eu des torts bien plus graves.

Remplacé par M. Necker, au mois d’août 1788, il était allé passer l’hiver en Italie, et il s’y trouvait à la fin de 1789, après les premiers mouvemens de la révolution, après le 14 juillet, le 4 août et le 5 octobre. On ne peut imaginer aucun motif raisonnable de son retour en France. La perte du clergé était, dès-lors, résolue : c’est ce qu’il devait ignorer moins que personne. La constitution civile de cet ordre venait d’être décrétée. Cardinal et archevêque, sa place n’était plus à Paris, mais à Rome, où sa belle-sœur lui assurait les moyens de vivre honorablement, et où il eût joué un rôle plus digne de lui et plus convenable à son état.

Parmi les spectacles, horribles que Paris donnait alors tous les jours, je me rappelle encore celui