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conspirateurs de Sedan, des conspirateurs de Clamecy, les Brissotins, les Girondins, Danton, Chaumette, Hébert et tous ceux qu’on regardait comme leurs adhérens, le parlement de Toulouse et le parlement de Paris en masse, des conspirateurs de Verdun, les grenadiers des Filles-Saint-Thomas, des conspirateurs de la Moselle et ceux de Dijon, les fermiers généraux, les complices de Mme Élisabeth, les assassins prétendus de Robespierre et de Collot-d’Herbois, des conspirateurs de la Vendée, des conspirateurs des prisons, etc.

Alors, une nation de vingt-quatre millions d’hommes, une ville de six cent mille habitans, ont vu et souffert des condamnations collectives, d’après des jugemens où l’on se donnait à peine le temps d’appeler les prévenus par leur nom, et qui n’étaient, à proprement parler, qu’une reconnaissance de leurs personnes. Mais cette reconnaissance même n’a pas toujours été faite, puisqu’il est constant qu’il y a eu plusieurs fois des erreurs ; témoin Loiserolles père, condamné pour Loiserolles fils, et la duchesse de Biron appelée au tribunal pour la maréchale. Cette ville, ce peuple entier, ont vu et souffert des jugemens contre lesquels l’accusé ne pouvait ni se défendre lui-même, faute de temps et de liberté de parler, ni réclamer un défenseur ; jugemens sans appel, où vingt, trente et quarante personnes, la plupart inconnues les unes aux autres et n’ayant point eu ensemble de relations, étaient envoyées à la mort