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nous donner des collègues, nous avons donc cru rétablir l’Académie française. Mais nous avons dû surtout penser ainsi en considérant de quelle utilité pouvait être la conservation du nom d’Académie française pour atteindre au but que l’on se proposait si l’Académie nouvelle n’était pas entée sur l’ancienne, si on ne pouvait pas l’appeler l’Académie française, elle perdait en même temps beaucoup de l’autorité et de la considération dont elle ne peut se passer, ni en France, ni chez les nations étrangères. Un nouvel établissement privé de cet avantage, n’est plus qu’un lycée comme il y en a déjà sept ou huit dans la capitale, qui peuvent avoir sans doute différens genres d’utilités, mais qui ne peuvent avoir celle d’une Académie française.

» On ne peut se le dissimuler, et il faut bien le dire, les avantages apportés à la nation par l’institution de l’Académie française ont été dus à sa composition, et à la considération qu’elle a tirée de ce mélange heureux d’hommes de lettres, et d’hommes distingués que leurs rangs et leurs places n’empêchaient pas d’être amis des lettres. Et comment croire que la société littéraire substituée à l’Académie française obtiendrait cette considération, lorsqu’on voit tous les hommes en place qu’on nous avait proposé d’y faire entrer, et que nous y aurions appelés de nous-mêmes, se défendre de devenir nos collègues, et faire essuyer à la nouvelle société des refus dont l’Académie fran-