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que cette accusation ne peut jamais être réputée personnelle, quand ce n’est ni sur les discours, ni sur les actions de l’auteur qu’on le taxe d’irréligion ; mais seulement sur les ouvrages qu’il a donnés volontairement au public, et c’est surtout en cette matière qu’il serait à craindre que les ménagemens qu’un censeur voudrait avoir pour un auteur, n’empêchassent la vérité de se faire jour.

Ces principes vous paraîtront sûrement fort durs, et je connais trop la sensibilité des auteurs sur ce qui intéresse leur amour-propre, pour me flatter que ni vous, ni aucun homme de lettres maltraité dans les brochures, les adopte ; mais après y avoir long-temps réfléchi, j’ai trouvé que ce sont les seuls que je puisse suivre avec justice, et sans m’exposer moi-même à tomber dans la partialité. L’étendue de vos lumières et la justesse de votre esprit ne me permettent pas de douter que vous ne jugiez aussi sainement des objets de législation et d’administration, que de tous les autres, si vous vouliez vous en occuper.

Ainsi, vous aurez peut-être des objections puissantes à faire aux principes que je viens d’établir. Communiquez-les-moi, et je les recevrai avec reconnaissance, parce que je cherche la vérité de très-bonne foi.

S’il arrivait au contraire, ce dont je ne me flatte pas, que le fruit de vos réflexions fût de vous les faire approuver, malgré l’intérêt que vous avez à