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Mes principes sont toujours la mêmes, quant au bien de l’état. Pour les gens de lettres, l’expérience m’a appris que quiconque a à statuer sur les intérêts de leur amour-propre doit renoncer à leur amitié, s’il ne veut affecter une partialité qui le rende indigne de leur estime.

Dans ce moment-ci, ne pouvant pas avec justice déférer aux plaintes de M. d’Alembert, j’ai cru ne pouvoir lui donner de plus grande marque d’estime et de considération, que de lui exposer mes principes d’administration.

Quand j’ai reçu sa lettre, je travaillais à un mémoire que je dois donner à M. le chancelier, sur les livres qui doivent être permis ou défendus. Mon premier mouvement a été de communiquer ce mémoire à M. d’Alembert, pour toute réponse.

Il est presque achevé ; mais je m’aperçois qu’en le conservant tel qu’il est pour le fond des choses, il faudra le refondre entièrement pour l’ordre. Cela demandera encore quelque temps, et je n’ai pas voulu faire attendre ma réponse jusque-là. Ainsi j’ai pris le parti d’en faire une que je vous envoie, et que je vous prie de remettre vous-même à M. d’Alembert.

Quand le mémoire sera fini, je le ferai passer sous vos yeux, et vous me ferez plaisir de le communiquer encore à M. d’Alembert, s’il vous paraît qu’il veuille se donner la peine de le lire.