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Enfans de France. M. le chevalier de Chastellux, mon ami, prit la peine de répondre dans le Mercure, mai 1759, à une diatribe que le sieur Moreau avait insérée dans le Mercure d’octobre de l’année précédente, contre mes opinions et mon ouvrage.

Dans cette même année 1758, le septième volume de l’Encyclopédie venant de paraître, on vit se ranimer la guerre que faisaient depuis plusieurs années aux encyclopédistes, les ennemis de la philosophie. Les jésuites, dans le journal de Trévoux ; Fréron, dans l’Année littéraire ; l’avocat Moreau, dans les Cacouacs ; Pallissot, dans les Petites Lettres sur de grands philosophes, et beaucoup d’autres champions se signalèrent.

Comme, dans ces écrits, on traduisait les encyclopédistes, non pas aux tribunaux littéraires seulement, mais auprès du gouvernement même, comme ennemis des lois et de la religion, ils crurent pouvoir se plaindre de cette manière de les attaquer. Diderot et d’Alembert, éditeurs de l’Encyclopédie, et le dernier surtout, jetèrent des cris. Ils s’en prenaient à M. de Malesherbes, alors chargé de l’administration de la librairie sous le chancelier de Lamoignon, son père.

J’avais été plusieurs fois auprès de M. de Malesherbes le porteur des plaintes de d’Alembert, et j’avais souvent discuté avec lui cette grande question de la liberté de la presse et de ses limites.