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fils, de Montigny, père de ceux qui ont si misérablement péri, égorgés par les tribunaux révolutionnaires.

Le grand-père a laissé une mémoire respectée à juste titre ; homme instruit, honnête, ferme et modéré, un véritable caractère d’homme public. M. Trudaine de Montigny, avec moins de qualités et un caractère moins ferme que son père, trop paresseux, trop dissipé, voulant un peu plus et un peu mieux qu’il ne pouvait, n’en était pas moins un homme estimable et bon ; éclairé, juste, ami du bien ; et je ne dis ses défauts que pour être vrai ; car son amitié m’a été douce, et je lui ai dû la petite fortune qui m’a fait passer agréablement la plus grande partie de ma vie, jusqu’au moment où la ruine publique a entraîné la mienne et celle de tant d’autres.

Vers ce temps-là, je connus aussi M. Malesherbes ; il aimait dès-lors, il recherchait les gens de lettres, et les traitait avec cette simplicité qui le rendait si aimable, et avec l’intérêt qu’il savait mettre à ses moindres mouvemens.

Lié avec des hommes dont les idées se portaient ainsi sur des objets utiles, les miennes prirent naturellement le même cours.

Un des premiers fruits de mes petits travaux en ce genre, fut une brochure intitulée : Petit écrit sur une matière intéressante, faite à l’occasion de quelques persécutions exercées contre les protestans du midi.