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Ce magistrat avait été un des premiers à se convaincre, par son expérience, des vices de l’administration commerciale : il avait eu, lui-même, une maison à Cadix. Il avait lu de bons livres anglais d’économie publique, tels que Petty, Davenant, Gee, Child, etc., dans un temps où la langue anglaise n’était encore que fort peu cultivée parmi nous. Il répandit le goût de ces recherches ; il encouragea Dangeuil à publier les Avantages et les Désavantages de la France et de l’Angleterre, extraits d’un ouvrage anglais, et Forbonnais à abréger le British merchant de King, sous le titre du Négociant anglais. Il donna l’exemple, en traduisant Child, sur l’Intérêt de l’argent, et Gee, sur les Causes du déclin du commerce, etc. Il fit publier à Forbonnais les Élémens du commerce ; il fit surtout lire beaucoup l’Essai sur le commerce en général par Çantillon, ouvrage excellent qu’on négligeait ; enfin, on peut dire que, si l’on eut alors en France les premières idées saines sur la théorie de l’administration commerciale, on doit en rapporter le bienfait à son zèle et à ses lumières.

M. Turgot me fit connaître à lui, et je pris, dès ce moment, un goût plus vif encore pour le genre d’étude qui pouvait me faire entretenir cette liaison.

Ce fut aussi à M. Turgot que je dus, vers ce temps, la connaissance de M. Trudaine et de son