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et l’abbé de Brienne, que je continuais de voir et de cultiver.

Le premier, après avoir quitté l’état ecclésiastique, s’était fait conseiller au parlement, afin de pouvoir ensuite devenir maître des requêtes et intendant. Aussi, outre l’attrait qui l’entraînait vers toutes les connaissances utiles, il avait de plus le motif, bien puissant pour lui, de bien savoir ce qu’il aurait à faire. Quant à l’abbé de Brienne, appelé à l’épiscopat, il ambitionnait un de ces évêchés auxquels se trouvait réunie quelque administration, comme dans les sièges du Languedoc, et il voulait s’instruire aussi de tout ce qui tenait au gouvernement.

Dès lors, ces objets entrèrent naturellement dans nos conversations. On se communiquait ses idées ; on lisait, on discutait, on cherchait la vérité ; et, quoique les questions métaphysiques, qui avaient été l’aliment de ma première jeunesse, occupassent toujours beaucoup mes pensées, je me laissais insensiblement conduire à des études plus solides, non moins abstraites pour ceux qui veulent les approfondir, et plus utiles aux hommes lorsqu’on sera parvenu à en trouver le bout.

Vers 1755, une connaissance, que je dus à M. Turgot, m’attacha encore davantage à ces études ; ce fut celle de M. de Gournay, intendant du commerce.