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CHAPITRE II.

Éducation du jeune abbé de la Galaizière. Diderot ; d’Alembert. Premiers travaux littéraires et politiques. Lettres inédites de Malesherbes.

Ma licence achevée en 1752, il fallait penser à m’ouvrir un chemin vers la petite fortune à laquelle j’aspirais, et qui ne consistait alors pour moi qu’à être en état de vivre. Je n’avais à espérer aucun secours de ma famille. L’asile que j’avais trouvé en Sorbonne allait me manquer ; pour le conserver, il fallait prendre le bonnet de docteur : nouvelle dépense de 7 à 800 fr., que je n’étais pas en état de faire. Je pouvais prétendre à quelqu’une des chaires de philosophie du collège du Plessis, ou de Lisieux, ou de Mazarin, dont la maison de Sorbonne disposait ; mais il n’en vaquait pas. Me faire prêtre de paroisse, était un parti auquel il m’était impossible de me résoudre. Je ne me croyais pas en état de vivre du métier d’homme de lettres. Enfin, je me voyais, littéralement, à la veille de manquer toute ressource.

Je crus un moment en avoir trouvé une fort bonne. Mon supérieur de séminaire me proposa au Père de la Tour, principal du collège de Louis-le-Grand, pour m’attacher en qualité de docteur,