Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eux-mêmes, devaient les céder à quelques autres membres de la société ; et c’est ainsi qu’il se trouvait ; comme je l’ai dit, dix ou douze appartemens pour les jeunes gens courant la licence.

Ajoutez une église, un jardin, des domestiques communs, une salle à manger et un salon échauffés aux frais de la maison, deux cuisiniers, tous les ustensiles du service, comme vaisselle, couverts, payés et fournis, une riche bibliothèque, etc.

À l’heure du dîner, chacun, se rendant à la salle à manger, choisissait sur un menu, affiché dans l’antichambre, les plats dont le prix était taxé, et que les domestiques lui servaient.

À ces dépenses communes fournissaient environ cinquante mille livres de rente en maisons à Paris.

Cette société, qui paraît avoir servi de modèle à divers établissemens anglais, nommés fellowships, à Oxford et à Cambridge, soutenait l’étude de la théologie et des sciences religieuses. Nonobstant quelques travers qu’on peut reprocher à la Sorbonne, elle avait certainement son utilité, puisqu’elle conservait la religion, au moins tant qu’on voulait bien en conserver une.

Je ne puis m’empêcher d’observer ici l’injustice à laquelle nos assemblées nationales, et la première elle-même, se sont laissées aller en détruisant cet établissement ; injustice surpassée mille et mille fois, et presque effacée par tant d’usurpations et de crimes.

Pouvait-on assimiler la Sorbonne à une maison