Page:Mémoires inédits de l'abbé Morellet tome 1 1882.djvu/357

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fourrées et se chauffer au soleil, et laissant la maison s’infester de souris. On avait proposé de les prendre dans un piège et de les noyer : un sophiste subtil, de ces gens qui savent rendre tout problématique, et qui, comme Aristophane le dit de Socrate, savent faire la meilleure cause de la plus mauvaise, a pris la défense des chats, et a composé pour eux une Requête qui peut servir de pendant au Remercîment que vous avez fait pour les mouches de votre appartement, après la destruction des araignées, ordonnée par Notre-dame. Nous vous envoyons cette pièce, en vous priant de nous aider à répondre aux chats. On pourrait aussi proposer pour eux un parti plus doux, qui tournerait au profit de votre Amérique. Je me souviens d’avoir entendu dire que vous aviez beaucoup d’écureuils dans les campagnes et beaucoup de rats dans les villes, qui causent de grands dégâts, et qu’on n’a pu convenir encore, entre les campagnards et les citadins, de l’établissement d’une taxe destinée à vous défaire de ces deux genres d’ennemis. Or, pour cela, nos chats vous seront d’un grand secours. Nous vous en enverrions une cargaison d’Auteuil ; et, pour peu que nous ayons de temps, nous aurons bien de quoi en charger un petit bâtiment. Dans la vérité, il n’y a rien de si convenable. Ces chats ne feront que retourner dans leur véritable patrie : amis de la liberté, ils sont absolument déplacés sous les gouvernemens d’Europe. Ils pourront vous donner aussi quelques