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terre, s’ils ont des jambes longues, ont aussi un cou long, afin qu’ils puissent atteindre leur boisson sans la peine de se mettre à genoux. Mais l’homme, qui était destiné à boire du vin, doit être en état de porter le verre à sa bouche. Regardez les figures ci-dessous : Si le coude avait été placé plus près de la main, comme en fig. 3, la partie A aurait été trop courte pour approcher le verre de la bouche ; et s’il avait été placé plus près de l’épaule, comme en fig. 4, la partie B aurait été si longue, qu’il eût porté le verre bien au-delà de la bouche : ainsi nous aurions été tantalisés. Mais par la présente situation, représentée fig. 5, nous voilà en état de boire à notre aise, le verre venant justement à la bouche. Adorons donc, le verre à la main, cette sagesse bienveillante ; adorons et buvons. »

À cette belle dissertation, étaient jointes les figures suivantes de la main de son petit-fils, sous la direction de cet admirable et excellent homme, en qui je voyais Socrate, à cheval sur un bâton, jouant avec ses enfans.

Je m’attachais d’autant plus à lui que, depuis quelque temps, il se disposait à nous quitter. Il était tourmenté par de fréquentes rétentions d’urine et des douleurs de pierre ; il voulait retourner mourir dans sa patrie. Quelques amis l’en dissuadaient par l’idée de ce qu’il aurait à souffrir dans le voyage. Il prit toutes les précautions que la