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et il appliquait avec une justesse infinie ceux qu’il n’avait pas faits.

Dans mes Ana manuscrits, rédigés selon la méthode de Locke, en deux volumes in-8°, j’ai conservé plusieurs de ces contes et un grand nombre de traits qui regardent Francklin. J’en ai envoyé quelques-uns au Moniteur dans les premiers mois de 1790.

Mais je ne puis donner une plus juste idée de l’esprit aimable de cet homme, si distingué d’ailleurs par son génie et par la force de sa raison, qu’en rapportant une lettre que madame Helvétius reçut de lui un matin, après avoir passé la journée de la veille à dire avec lui beaucoup de folies. Cette lettre se trouve peut-être ailleurs, mais on ne sera pas fâché de la relire.


LETTRE

DE FRANCKLIN À Mme HELVÉTIUS.
À Passy.

« Chagriné de votre résolution, prononcée si fortement hier au soir, de rester seule pendant la vie, en l’honneur de votre cher mari, je, me retirai chez moi, je tombai sur mon lit, je me crus mort, et je me trouvai dans les Champs-Élysées.

» On m’a demandé si j’avais envie de voir quel-