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à Rome peu de connaissances, et je m’y amusais médiocrement : cette foule d’abbés, gens de condition et destinés à l’épiscopat, éclipsait un pauvre homme de lettres, dans un pays où l’espèce de littérature philosophique à laquelle me portait mon goût n’était pas en grand honneur.

À Naples, les beaux spectacles qu’offrent les antiquités de Puzzoles et de Baies, et le Vésuve, et la Solfatare, et Pausylippe, et la beauté de la ville et du climat, et le charme de la musique, m’attachèrent davantage : aussi je laissai mon élève repartir pour Rome avec l’abbé de Brienne et l’abbé de Saint-Simon, depuis évêque d’Agde ; et moi, je prolongeai d’une quinzaine mon séjour à Naples. Je n’y trouvai point cependant de liaison littéraire à former, si ce n’est celle d’un comte Gázola, qui avait de beaux dessins. Mais le consul de France me donna quelques mémoires sur le commerce. Je tirai aussi plusieurs renseignemens de l’ambassadeur, M. d’Ossune, et de son secrétaire, Basquiat de la House, qui a depuis été ministre de France en d’autres cours.

Celui-ci était une espèce de loustic qui ne manquait pas d’esprit, et encore moins d’adresse. C’est lui qui, ayant en Gascogne, sa patrie, dans un petit village, un petit bien en vignes et en mauvais vin qu’on ne pouvait vendre, imagina de se faire donner par le pape un corps saint, qu’il baptisa d’un nom vénéré dans le pays, qu’il envoya avec toutes les bulles et indulgences possibles, et pour