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que cet esprit de système l’égarait dans un dédale de conjectures et de folies dont il est vraiment impossible de faire un ensemble.

Son principe général était que l’histoire ancienne n’est qu’une cabale : le nom de chaque personnage célèbre, dont les actions y sont racontées, exprime tous les événemens de sa vie, c’est-à-dire que les événemens ont été imaginés d’après ces noms. Ainsi Eve, dans la langue hébraïque et dans les autres langues orientales que les Juifs ont connues, signifiera vie, arbre, fruit, serpent, tentation, etc. Les ouvrages des rabbins ne sont que la suite des livres historiques de l’Écriture les faits qu’ils racontent résultent des nouvelles combinaisons qu’ils ont trouvées dans les noms propres.

Cette idée n’est pas nouvelle relativement à l’Écriture ; mais l’application que Boullanger en fait à toute l’histoire ancienne est certainement nouvelle. Il a même étendu ce principe à l’histoire des premiers siècles de l’Église : à son avis, Saint-Pierre est un personnage chimérique, dont on a tissu la vie d’après les significations différentes que donnent en hébreu et son nom et les syllabes de son nom, combinées à la manière juive. Son coq, ses clefs, etc., ont la même origine. Pilate est un être imaginaire de la même façon : c’est le prétérit d’un verbe, qui signifie en hébreu celui qui a jugé et qui a voulu trouver innocent.

Voici encore quelques idées de Boullanger sur