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niez tous les mois quelque ouvrage édifiant comme celui-là, qui achève d’établir le royaume du Christ, et de détruire les abus, etc. » Cette lettre n’est pas dans la correspondance de Voltaire, et j’ai dû la conserver dans mes mémoires.

Enfin, je citerai en faveur de mon Manuel une grande autorité ; c’est celle de Frédéric ii, à qui d’Alembert en avait fait l’hommage pour moi. Celui-ci m’écrivit de Charlottembourg la lettre suivante, que je rapporte, et parce qu’elle me regarde, et parce qu’on y trouvera quelques détails relatifs à Frédéric ii, qui doit intéresser plus que moi. On voit que j’anticipe sur les temps.


Charlottembourg, près Berlin, le 16 juillet 1762.

« Le roi m’a chargé, mon cher abbé, de vous remercier des livres que je lui ai remis de votre part. Il connaissait les brochures, qu’il croyait de Voltaire ; cela vous prouve le cas qu’il en faisait ; il les a relues, et trouve (avec raison) les si et les pourquoi meilleurs que les quand ; il m’a dit que l’auteur de ces ouvrages était sûrement un homme de beaucoup d’esprit. Je lui ai dit que c’était un honnête prêtre, qui, à la vérité, ne disait pas beaucoup de messes ; et je ne doute pas qu’il ne vous prît volontiers pour son aumônier, surtout depuis le Manuel des Inquisiteurs. Vous ne sauriez croire l’impression que cet ouvrage lui a faite ; il ne le