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atrocités éparses. Je les rangeai selon l’ordre de la procédure, en commençant par l’information, et finissant par l’exécution des condamnés. Je m’interdis toute réflexion, parce que le texte seul suggérait assez celles que j’aurais pu faire.

À l’extrait du Directorium, j’ajoutai celui d’un autre gros volume in-folio que je trouvai dans la même bibliothèque ; c’était l’histoire de l’inquisition, d’A. Paramo, inquisiteur portugais. On y trouve l’établissement du saint-office en Portugal, par un fripon, nommé Saavedra qui, ayant fait de fausses bulles, vint fonder l’inquisition à Lisbonne, fit le procès à beaucoup de gens riches dont il s’attribua les dépouilles, et fut enfin reconnu, arrêté et mis aux galères, en même temps que l’institution, ouvrage de sa friponnerie, a été religieusement conservée.

Mon Manuel n’a paru qu’en 1762, et j’ai dû à M. de Malesherbes la permission de le publier ; mais j’ai souvent cité aux zélateurs de notre ancienne jurisprudence le fait suivant qui mérite d’être conservé.

J’avais communiqué, à mon retour en France, mon manuscrit à M. de Malesherbes. Il me dit, en me le rendant : Vous croyez peut-être avoir recueilli là des faits extraordinaires, des procédés inouis ; eh bien ! sachez que cette jurisprudence d’Eymeric et de son inquisition est, à très-peu près, notre jurisprudence criminelle tout entière. Je fus confondu de cette assertion, qui me parut