Page:Mémoires inédits de Bertrand Poirier de Beauvais, 1893.djvu/196

Cette page n’a pas encore été corrigée

chaque avenue, elles furent presque toutes enlevées, les unes de front, les autres à revers, et presque tous les canonniers tués à leurs pièces. Les républicains perdirent beaucoup de monde ce jour-là ; cependant, la chaleur du combat passée, on fit des prisonniers dont le nombre fut d’environ huit cents. On se contenta de faire fusiller ceux que l’on reconnut pour l’avoir déjà été, et qui avaient manqué à leur serment ; on grâcia les autres, lesquels demandèrent à servir avec nous. Je priai qu’on me les donnât, afin d’essayer à en tirer un bon parti : on me les accorda sur-le-champ. Comme je voulais être sûr de n’avoir que des gens de bonne volonté, je fus à la prison leur dire que leur demande de servir le Roi était accordée, mais qu’avant d’être incorporés aux royalistes j’étais chargé de leur annoncer qui ceux qui voudraient s’en retourner chez eux, en prêtant serment de ne plus porter les armes contre nous, le pourraient, leur promettant un passeport. Et les faisant tous mettre de côté, j’ajoutai : — Que ceux qui veulent des passeports passent du côté opposé. Ils passèrent tous, excepté une chambrée qui fit tout le contraire, persistant donc à vouloir servir. Cela me parut suspect ; je pensais qu’ils s’étaient peut-être promis de ne pas se quitter. J’eus l’attention de leur faire porter exactement du pain, ce qui était beaucoup, car nos gens en manquaient, et de donner les passeports promis. Quant à ceux qui avaient demandé du service, ils désertèrent dès le premier jour de marche, quand nous sortîmes de Fougères.

Notre constance et celle de nos soldats à faire des prisonniers, quand le parti opposé n’épargnait même pas