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et les troupes ennemies . La cavalerie alors chargea , et le tout fut culbuté à la minute.

Beauvollier et moi nous nous jetâmes dans notre infanterie sur la gauche de la route, poursuivant les républicains avec elle jusque dans Ernée , qu’ils ne firent que traverser dans le plus grand désordre . Après le passage de cette petite ville , on fit éprouver de grandes pertes à ces régiments , surtout les Calvados furent presque anéantis.

Dans la mêlée , un homme par sa figure me parut être Allemand . Comme ils nous rendaient de bons services , nous avions toujours soin de les épargner . -- Sind sie Deutch ? lui dis-je .

Ia, mein herr, ia, ia, me répondit-il . J’ordonnai qu’on ne lui fît pas de mal ; il était temps , car il avait déjà reçu des coups de sabre sur la tête , que son chapeau avait heureusement parés . Imof l’interrogea en allemand ; il se trouva qu’il était Suisse comme lui , et , je crois , non loin de son canton . Je demande à cet homme s’il sera bon royaliste . Il me dit qu’oui .

Je lui propose de rester à mon service . Cela lui fait plaisir.

Je me figurais vraiment avoir un bon serviteur pour toute la vie, l’ayant ainsi sauvé de la mort ; mais trois jours après il était déjà avec les républicains .


D’Ernée, nous fûmes, le 4 novembre, à Fougères. Nous n’y entrâmes pas aussi aisément que dans la dernière ville que nous quittions, il s’en fallut de beaucoup. Un ennemi aguerri, distribué avec beaucoup d’ordre et d’intelligence dans tous les jardins et haies à l’entrée de Fougères, nous fit éprouver un rude combat ; mais sa résistance fut vaine : après trois heures d’attaque tout fut emporté. Il y avait des pièces de canon à