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la poursuite après la marne

9e et 4e armées, l'ennemi se repliait au nord de la Marne et de la Saulx.

Berthelot, revenu à son optimisme qui l'avait abandonné un instant à la fin du moins d'août, voyait déjà les armées allemandes en déconfiture. A son avis, il ne s'agissait pour exploiter la victoire que de pousser brutalement en avant sur toute la ligne. Je ne partageais pas cette opinion. Nous venions de remporter une incontestable victoire sur le commandement suprême allemand qui avait commis des fautes essentielles. Mais les armées ennemies n'étaient pas en déroute, et il fallait nous attendre à les retrouver reconstituées quelque part au delà de la Marne, derrière l'Aisne, ou peut-être derrière la Meuse. Il s'agissait donc de monter sans retard une manœuvre pour empêcher les Allemands de se rétablir. En prélevant, comme je l'ai dit plus haut, de nouvelles forces sur nos armées de droite, je résolus de renforcer la 6e armée pour la mettre en mesure de déborder l'aile droite allemande ; en outre, la 5e armée était bien placée pour exploiter la fissure qui s'était produite dans le centre adverse, en manœuvrant selon les circonstances, soit avec le groupement French-Maunoury, soit avec le couple de forces Foch-de Langle.

Je fis connaître mes intentions aux armées de gauche par une Instruction particulière que je leur adressai le 11 septembre. Le lendemain, j'insistai auprès du général Maunoury, en lui rappelant que sa zone de marche n'était pas limitée à l'ouest, et que, pour le cas où l'ennemi ferait tête sur l'Aisne, il était nécessaire que nous ayons immédiatement des forces qui remonteraient la rive droite de l'Oise ; j'ajoutai que le 13e corps mis, comme on l'a vu, depuis peu à la disposition de la 6e armée paraissait tout indiqué pour jouer ce rôle essentiel. Le même jour, 12 septembre, j'accentuai encore mes ordres à la 6e armée. J'invitai le général Maunoury à élargir son mouvement débordant vers l'ouest, à ne laisser qu'un fort détachement en liaison avec l'armée anglaise, et à porter progressivement le gros de ses forces sur la rive droite de l'Oise.