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MA MISSION EN AMÉRIQUE
(AVRIL-MAI 1917)




La période qui suivit mon retour à Paris, dans les derniers jours de l'année 1916, fut la plus triste de mon existence.

Après avoir assumé pendant deux ans et demi de guerre les plus lourdes responsabilités, j'aurais été presque en droit de m'accorder du repos. Mais comment trouver le calme alors que, mesurant d'un coup d'œil le chemin parcouru, j'essayais de prévoir les événements que l'avenir nous réservait.

Bien que j'aie déjà parlé longuement dans les pages qui précèdent des projets dont mon départ de Chantilly avait interrompu la réalisation, il me paraît nécessaire d'en dire encore un mot ici, pour marquer avec netteté l'état d'âme dans lequel je me trouvais en ces premières semaines de 1917.

Malgré que je fusse rigoureusement tenu à l'écart de ce qui se préparait, je connaissais dans ses grandes lignes le plan du général Nivelle. Les journaux ne manquaient pas, d'ailleurs, d'opposer « la méthode de Verdun » que mon successeur se proposait d'appliquer, à « la méthode de la Somme » que les événements paraissaient avoir condamnée.