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CHAPITRE IV


Le début des opérations sur les théâtres extérieurs.




L'Entente en face du problème de la direction des opérations. — L'expédition des Dardanelles. — La catastrophe serbe. — Le début de l'expédition de Salonique.


Aucune des puissances, qui ont formé au cours de la dernière guerre le groupement de l'Entente n'avait évalué à sa mesure, l'extension mondiale que prendrait le conflit. Aucune d'elles n'avait pris en temps de paix les mesures propres à préparer et à assumer la direction des affaires d'une coalition, et toute la première partie de la guerre fut lourdement hypothéquée par ce manque absolu d'organisation.

Il fallut la leçon des événements pour faire comprendre aux Alliés que leurs efforts seraient stériles s'ils ne se décidaient pas à les coordonner. Ils recherchèrent alors le moyen de suppléer à l'organisation qui faisait défaut. Je fus aisni amené peu à peu à exercer mon action sur les théâtres extérieurs dont les opérations, à l'origine, furent marquées par une absence complète de cohérence.

Pendant la première période de la guerre, qui s'étend du 2 août 1914 au 2 décembre 1915, je n'intervins pas directement dans la conduite générale de la guerre. Mon titre était d'ailleurs caractéristique à ce sujet : j'étais commandant en chef des armées du Nord-Est. Mon horizon se bornait au front qui s'étendait des Vosges à la mer du Nord. On a vu d'ailleurs, dans les pages qui précèdent, que sur ce théâtre, mon action s'exerçait non seulement sur les armées françaises mais sur l'armée belge et sur les armées